Jean-Michel Vandamme : « La formation au LOSC n’existait plus mais elle est en train de renaître »

Le manager général du centre de formation du LOSC dresse le bilan de la saison 2022-2023. Il y a eu du positif sur bien des points mais aussi des éléments à améliorer. Il s’en explique…

Enfin des jeunes chez les pros. Une première depuis plusieurs années…

Du côté positif, on a été heureux de voir des jeunes être intégrés au sein de l’effectif professionnel au bout d’un an de travail (Leny Yoro ci-dessous). L’objectif fixé par le président Létang est de voir, en trois ans, cinq joueurs intégrés au groupe professionnel. On en est à trois. Ce qui veut dire que l’on a encore deux à trois joueurs à placer pour cette prochaine saison.
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Une saison délicate en championnat de National 3. Avec sans doute trop de jeunesse…

Cette année a été très harassante car il a fallu attendre la dernière journée pour s’éviter une descente de National 3 en Régional 1. Cela aurait été très mal vécu.

Cela a été dû notamment à une certaine forme d’immaturité, trop de jeunesse, notamment en première partie de championnat. Car, si le classement pour la N3 était fait à partir de la dixième journée, le LOSC aurait fini à la seconde place. Les jeunes n’ont jamais rien lâché, et le maintien a été obtenu.

Félicitations à l’ensemble des coachs et à leur manager, David Ducourtioux, qui est arrivé cette saison pour assurer, avec brio et compétence, le rôle de coach des coachs et de directeur technique de la formation.
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Mais qui s’explique. Un équilibre économique à trouver

Il y avait un héritage à résorber. Il y avait des joueurs à la rémunération importante et qui n’allaient pas nous servir. Notre direction a un objectif de performance sportive mais aussi d’équilibre financier.

Si le président et Didier Roudet, le directeur général, n’étaient pas aussi inspirés dans la gestion du club, le bateau n’aurait jamais pu se remettre à flots. Il fallait d’abord se séparer de rémunérations non adaptées à un contexte d’équipe PRO2.

Ensuite, on n’a sans doute pas assez évalué le fait qu’il y ait cinq descentes avec des équipes qui se sont renforcées avec des joueurs venus de centres de formation mais plus âgés.
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Des jeunes promus rapidement. Des départs mais aussi des promotions

On a perdu Maxime Wackers (photo ci-dessus) l’été dernier. Il aurait fallu trois Wackers, deux derrière et un au milieu. Devant, dans la construction du jeu et au niveau des latéraux, il faut des jeunes talents, des joueurs à fort potentiel.

Par ailleurs, je ne pensais pas qu’un joueur comme Leny Yoro ait la capacité d’être aspiré par les pros toute la saison. Je ne pensais pas que Carlos Baleba jouerait trois matchs en tout et pour tout avec la réserve.

On savait qu’ils seraient aspirés par les pros mais pas autant que cela. On avait notre équipe avec 50 % du temps de jeu pour Baleba et 50 % pour Yoro. Ce qui n’a pas du tout été le cas. Tant mieux pour l’équipe première qui a pu performer en leur présence !

Il n’y a pas d’excuse. Mais il y a des explications. Et on a dû se renforcer cet hiver.
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Un mercato d’hiver pour la réserve, une première. En danger, la réserve a dû se renforcer cet hiver

La direction nous a permis un rééquilibrage, ce qui est anormal. En cinquante ans de carrière, je n’ai jamais fait de mercato d‘hiver pour la réserve. Cela n’existait pas.

Heureusement, on a une cellule de recrutement qui est pro-active, qui est efficace. Et grâce à cela, et aux moyens que nous a donnés le club, on a pu recruter cet hiver (Louis Carnot, Evens Joseph, Yanis Beau Djellel).

Je n’étais pas fier de demander à la direction de faire un mercato d’hiver pour la réserve (et les U19 pour Beau Djellel ndlr). C’est mon premier. Bien sûr, j’ai fait des mercatos d’hiver. Mais c’était pour les pros. J’ai été dix ans directeur sportif.
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Une aspiration des talents. Et forcément la N3 et les U19 ont souffert

Le fait de créer une aspiration des talents vers l’équipe réserve a fait que l’on s’est mis dans le rouge partout avec cette aspiration forcée.

La première année, quand je suis revenu, j’ai interdit que les meilleurs joueurs passent dans la catégorie supérieure les six premiers mois. Je voulais d’abord voir comment cela se passait. L’équipe réserve était première de son championnat. Il y avait de l’expérience.

Ensuite, j’ai promotionné les jeunes comme Yoro. Il y a eu aussi l’arrivée de Baleba du Cameroun.

Il y a eu de l’aspiration forcée. Je n’aurai jamais cru qu’un joueur comme Simon Ramet soit aussi souvent dans le groupe pro.

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Des jeunes mis à l’honneur. Dans l’adversité, il y a eu des révélations et confirmations

Mais cela a permis l’éclosion d’un Mbamba, un 2006, d’un Burlet qui est un joueur né en 2005, d’un Lilian Baret, né en 2006. Cela prouve que l’on est dans la vérité.

En U19, un joueur comme Ayyoub Bouaddi (photo ci-dessus), 15 ans, a fini titulaire dans cette catégorie. Il est très bon. Je n’ai pas de problème avec cela. Certes, il a de la classe, de l’attitude. Mais quand il joue certains matchs, il a des difficultés sur le plan athlétique. Mais cette promotion a du bon, cela accélère sa progression.

La formation est relancée avec les Ferrah, Burlet, Baret, Mbamba. Un gros travail a été réalisé par le recrutement.

Il y a aussi des joueurs, très forts athlétiquement, qu’il faut canaliser, comme Ramsès Imbondo. On va recruter quelques pointures. La formation au LOSC n’existait plus mais elle est en train de renaître.
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Une N3 en difficulté mais des jeunes U19 et U17 qui s’accrochent. Les jeunes rendaient parfois un ou deux ans

Les aspects athlétiques et le mental sont prépondérants. En championnat jeunes, le LOSC joue avec quasiment une année d’âge d’écart, voire deux face à ses adversaires. Il est difficile d’être à l’aise pour nos jeunes.

Mais il y a ensuite l’expérience de nos coachs. On a Stéphane Pichot, un coach expérimenté. Sébastien Pennacchio a tenu la route. Avec un entraîneur comme Rachid Chihab, le coach des 17 ans, on sait que l’on a très peu de chances de descendre.

Les U19 finissent cinquièmes. Mais il ne faut pas tout mélanger. La compétition est quelque chose d’important. Je ne vais pas dire le contraire. Il faut inculquer l’envie de gagner, la gagne, à nos joueurs.

Mais il y a quelque chose de plus important. Quelque soient nos résultats dans ces championnats, l’essentiel est d’amener des joueurs chez les professionnels. C’est la chose la plus importante.

Si deux joueurs passent chez les pros chaque saison, c’est bien. C’est l’objectif que je me suis fixé.

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Et des leçons à retenir de cette saison. Des satisfactions et de l’angoisse

Je retiens la souffrance d’avoir parfois été en déséquilibre. On est le LOSC, on devrait rayonner dans la compétition. Même si on fait jouer des jeunes, on devrait être plus équilibré, être moins en souffrance que l’on a été cette saison.

Chez un joueur, il y a des années bonnes et d’autres moins. En formation, le passage le plus délicat reste le passage du football des jeunes au football adulte. Je ne parle pas du professionnalisme.

Il faut savoir prendre du temps, être patient. L’impact est plus dur, les duels sont plus costauds, les joueurs sont plus rusés, plus méchants, plus agressifs.

Même si l’objectif est de jouer très jeune, on se doit d’avoir des équipes plus équilibrées. Voilà ce que je retiens comme point à améliorer.

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Et si on parlait avenir La prochaine saison

La saison prochaine, on ne va pas beaucoup changer. Il faudra cependant être beaucoup plus prudent. Cela va dépendre à la fois du recrutement de l’équipe PRO2 mais aussi du recrutement de l’équipe première.

Nous espérons tous performer et continuer à faire grandir nos jeunes du centre, car c’est notre principal ADN et unique objectif pour que l’équipe première puisse bénéficier de notre travail.

Propos recueillis par Stéphane HELBECQUE pour allezlille